Si vous rêvez des fastes du Château
de Vaux-le-Vicomte au temps de Nicolas Fouquet, si un pincement au coeur vous
prend dès que l'on aborde le sujet de son injuste emprisonnement par Louis XIV,
ou si vous recherchez un roman qui met en lumière le XVIIe siècle d'une manière
intrigante et originale, le roman historique de Karin Hann vous
enchantera.
Je viens de terminer Althéa ou la colère d’un roi et je me
dois de souligner la plume exquise de l'auteur qui s'adapte à merveille à l'époque,
nous envoutant dès les premières pages. On est proche de Molière et de La
Fontaine et le dialogue de Karin Hann sied à merveille : nuancé, brillant
d'esprit et de grâce. Cela m'a donné l'envie de savourer ses autres livres,
surtout Les Venins de la Cour, et de
m’inspirer de ses élégantes tournures de phrases.
Le roman de Karin Hann imagine
un personnage féminin à travers lequel nous assistons à la puissance croissante,
puis la chute de Nicolas Fouquet. Althéa de Braban-Valloris se retrouve orpheline à
sa naissance. Adoptée par la famille Fouquet, elle voue une tendresse à Nicolas,
son père adoptif. Jeune encore, elle ne s'imagine pas le danger que cours
Fouquet ni combien un roi peut s'avérer si peu noble et si fortement envieux.
Car c'est bien un roi orgueilleux et jaloux que Karin Hann nous peint, à mon
grand plaisir d'ailleurs.
À la chute de Fouquet, Althéa est plongée dans l'infortune. Elle témoigne des événements bouleversants qui mènent à la perte de tout ce qu’elle a jadis aimé. Mais notre héroïne déterminée s'alliera avec l'homme qui lui a sauvé la vie pour tenter de parvenir à Nicolas Fouquet que Louis XIV a emprisonné à Pignerol.
Au cours de cette aventure, Althéa
découvre une sinistre conspiration mêlant Louis XIV, Fouquet, l'homme au masque
de fer et l'ordre des Templiers. Il existe plusieurs hypothèses historiques
quant à l'origine du masque de fer, et le complot que Karin Hann nous offre
dans ce roman est si judicieusement ficelé, ses détails si bien recherchés que
l'on est tout de suite séduit par l'idée.
Ce roman est riche en histoire,
en péripéties et ne manque pas d'érotisme. Althéa nous paraît comme une femme
audacieuse et intelligente qui semble se nouer facilement avec divers
personnages de la Cour dont, Anne d'Autriche, la reine Marie-Thérèse, ainsi que la
piquante Madame de Montespan, et qui malgré elle, suscite aussi l'intérêt de
Louis XIV. Mais le monde est aussi semé d’épines, et Althéa s'attire un ennemi redoutable
là où elle ne s’y attendait pas. Cette sous-intrigue revisite le thème de la
jalousie, et combien celle-ci peut mener un être humain à de pires excès.
Mon personnage préféré est celui
de Saint-Évrard qui incarne avec Mathieu de Mergenteuil et Althéa un triangle
amoureux tragique dont j'ai apprécié la délicate et touchante exécution.
Ce qui ne manque pas d'émouvoir
tout au long du roman c'est cette déchéance physique de Nicolas Fouquet; vieil
homme voûté et maladif vers la fin du livre, homme dont les années, le succès
et la gloire furent volés. Mais si le destin de Fouquet nous attriste, du moins
le roman de Karin Hann apporte une lueur d'espoir.
Un très beau livre que je recommande fortement et qui devrait absolument vous accompagner lors de votre visite au Château de Vaux-le-Vicomte.
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