Grâce au prodigieux travail d'Alexandre Page, j'ai eu l'immense plaisir au cours de l'hiver de me transporter à la fin du 19e siècle et de suivre les aventures d'une mission diplomatique russe en Abyssinie.
Nous sommes en 1897 et l'empereur Ménélik II règne sur des terres abyssines, progressivement conquises.
En novembre 1896, apparaissait cette photo dans Le Petit Parisien. Elle y figure les italiens signant la traite d'Addis-Abeba le 26 octobre 1896, devant Ménélik, après leur importante défaite face à l'armée éthiopienne.
C'est peu de temps suivant ces événements que commence le formidable récit d'Alexandre Page, ABYSSINIA...
Docteur Alexandre Page nous livre une œuvre titanesque qui ne lésine en rien à chaque page.
Ce livre, c'est un trésor historique, un long voyage. C'est une fresque géographique et culturelle vertigineuse. C'est le récit d'une expédition russe en Abyssinie, à la fin du 19e siècle. Nous sommes intimes avec cette expédition. Nous vivons ses épreuves (ah oui, ce n'est pas si facile de se procurer des chameaux et je ne dis rien sur les fourmis géantes...), nous nous émouvons de ses découvertes, ses rencontres et ses échanges, dont certains sont teintés d'humour. La lecture demande du temps, tellement les pages sont riches, mais ce rythme est parfait, car il nous place aisément dans la peau des personnages pour lesquels cette aventure est une véritable épopée, longue de plusieurs mois.
On ne peut qu'admirer la patience et la maîtrise dont fait preuve l'auteur : recherches historiques approfondies sur un sujet difficile (car moins connu), descriptions évocatrices de personnages et de paysages, un style posé qui sied parfaitement à l'époque, et toujours cette retenue pour exposer les faits sans tenter de pencher le lecteur ou la lectrice vers une certaine opinion politique. On y découvre une Abyssinie indépendante (la plupart des pays d'Afrique à cette époque sont sous une emprise coloniale occidentale), puissante, riche, souvent guerrière, une terre peuplée de diverses ethnies — certaines d'elles, conquises — mais toutes aussi différentes, voire fascinantes, les unes que les autres.
Les aspects du livre que j'ai trouvé particulièrement enrichissants sont ses portraits de personnages russes et de leur comportement dans plusieurs situations sociales complexes, ainsi que les descriptions des us et coutumes de chaque ethnie locale.
J'ai retenu plusieurs passages grâce à ce texte. Je me suis délectée de la manière dont l'auteur crée l'ambiance d'un repas dans différentes contrées. Je garde un souvenir inoubliable des descriptions des villes et des marchés, des femmes, de cette rencontre entre les Russes et des esclaves, et surtout de ces dialogues nuancés qui dépeignent le climat politique de l'époque.
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